Histoire et patrimoine de Lezennes

Bienvenue à Lezennes, un "village urbain" au caractère unique. Niché au cœur de la métropole lilloise, Lezennes a su préserver une identité forte, forgée par une histoire riche et un patrimoine exceptionnel, dont une grande partie se cache... sous nos pieds.

Plongez dans le récit d'une commune façonnée par la craie, les guerres.

Une histoire riche et singulière : les grandes époques

Des origines à la Révolution

Les premières traces d'occupation à Lezennes datent du IVème siècle avant notre ère, avec la découverte d'un four de potier. Sous l'Empire romain, le site se développe avec l'agriculture et le début de l'extraction de la craie, utilisée pour la construction et l'amendement des sols.

Au VIème siècle, une épidémie de peste pousse les survivants à quitter la plaine du Hellu pour s'établir sur le site actuel du village. Le nom de Lezennes apparaît officiellement en 1136. C'est au XIIème siècle qu'est bâtie la première église Saint-Éloi, de style roman.

Le XVIème siècle est marqué par les guerres de Religion. En 1566, la légende raconte que les carrières de Lezennes servirent de refuge aux "Hurlus", les protestants flamands, avant leur assaut manqué sur Lille.

Au XVIIème siècle, lors des guerres de Louis XIV pour conquérir la Flandre, Lezennes est pillée à plusieurs reprises. Après la prise de Lille, Vauban met le village à contribution et aurait également exigé 2.000 parpaings (moellons de craie) par jour pour construire sa célèbre citadelle. En 1769, Lezennes, qui dépendait alors administrativement et religieusement de l’évêché de Tournai, est définitivement rattachée à la France et adopte son blason actuel.

De la Révolution à nos jours

La Révolution Française apporte son lot de bouleversements. En 1792, durant le siège de Lille par les Autrichiens, l'armée française se replie sur la "plaine du Camp Français", qui a donné son nom à une rue de la commune.

Pendant la Terreur, l'église est vendue et démantelée, seul le clocher est épargné. Les carrières deviennent alors des lieux de culte clandestins pour les prêtres réfractaires. C'est aussi à cette époque que l'exploitation de la craie décline. Les vastes galeries souterraines sont réinvesties : on y cultive des champignons et la fameuse chicorée "barbe de capucin". En 1854, les carrières servent de cachette à des conjurés ayant fomenté un attentat contre Napoléon III.

Le XXème siècle voit les Lezennois se réfugier à nouveau dans leurs carrières, d'abord pendant la Première Guerre mondiale par peur des exactions allemandes, puis durant la Seconde Guerre mondiale pour échapper aux bombardements alliés. On estime que 80 % de la population s'y abrita lors du bombardement du dépôt de munitions de Fives le 06 juin 1944.

Après-guerre, Lezennes se transforme. Le village agricole et ouvrier s'urbanise, s'entoure de la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq et accueille une vaste zone commerciale. Aujourd'hui, Lezennes conjugue avec succès un cadre de vie à taille humaine, une situation géographique attractive et un dynamisme économique florissant.

Le patrimoine lezennois : trésors en surface et en sous-sol

La Pierre de Lezennes : L'âme souterraine du village

Plus que tout autre chose, c'est la pierre qui a façonné l'identité de Lezennes. Le sous-sol de la commune abrite le plus vaste réseau de carrières de craie de la métropole Lilloise.

  • Une exploitation millénaire : L’exploitation de la craie aurait commencé au Moyen Âge, mais les premières traces écrites datent du XVème siècle ; les carriers, souvent agriculteurs, creusaient des galeries à 15 mètres de profondeur, pour préserver les terres cultivables.
  • Une pierre renommée : La "Pierre de Lezennes" a servi à bâtir d'innombrables monuments de la région : la Vieille Bourse, le Palais Rihour, la Citadelle de Lille, l'Hospice Comtesse, et bien sûr l'église Saint-Éloi. Sa renommée était telle que toute la craie de qualité du Mélantois était vendue sous ce nom !
  • Un lieu de légendes et de mystères : Ce labyrinthe souterrain a alimenté de nombreuses histoires, comme celle du fameux "lac bleu", aujourd'hui comblé, ou les récits de personnes s'y étant égarées, dont un mentionné par Charles Dickens.

Attention : L'accès aux carrières est strictement interdit et dangereux.

Monuments et bâtiments emblématiques

Le patrimoine de Lezennes raconte l'évolution de la vie civique et sociale du village. L'histoire des mairies successives en est un parfait exemple.

  • L'Église Saint-Éloi : Berceau de la vie civique, c'est entre les murs de cette église du XIIème siècle que fut élu le tout premier maire de Lezennes en 1790. Reconstruite en 1843 après la Révolution, elle conserve des éléments d'origine comme son clocher, dont la construction a débuté en 1504.
  • La Médiathèque (première mairie, 1790-1921) : Suite à son élection, le premier maire s'installa dans cette maison en briques roses, située au-dessus du café "Léva". Le bâtiment servit de mairie pendant plus d'un siècle, jusqu'à son abandon en 1921. Profondément rénové, il est devenu la médiathèque municipale en 2005.
  • L'Ancien Presbytère (deuxième mairie, 1921-2005) : En 1921, l'administration communale déménagea de l'autre côté de la place pour s'installer dans l'ancien presbytère (au n°2 de la rue Chanzy). Ce bâtiment a servi de centre administratif à la commune pendant plus de 80 ans.
  • L'Hôtel de Ville (mairie actuelle depuis 2005) : Depuis 2005, la mairie est installée dans l'ancienne Ferme Lefebvre, la plus grande du village. Entièrement modernisée, elle abrite également une maison pour les anciens et conserve son architecture unique. Le porche actuel avec les colonnes, qui constitue un vrai porche, n’a rien à voir avec la façade initiale qui comprenait un long mur.
  • Le Monument aux Morts : Œuvre du sculpteur Deschins (1922), cette statue symbolise le profond deuil de la Première Guerre mondiale. Son inauguration fut le théâtre d'un débat de société entre la mairie communiste, prônant le pacifisme, et les anciens combattants, attachés au patriotisme.

Au coin des rues : l'histoire des noms

  • Rue du Ruage : En patois, "ruer" signifie "pousser". Cette rue, la première à être pavée, était si fréquentée par les charrettes à bras qu'on "ruait" pour les faire avancer.
  • Place du Sénat : À cet emplacement se trouvaient des jardins ouvriers. Les passants, voyant les jardiniers discuter et refaire le monde pendant leurs pauses, les surnommèrent les "sénateurs".
  • Rue des Chasses Marées : L’origine précise n’est pas connue, il s’agit soit d’une déformation de "Chasses Mannées" (paniers utilisés pour collecter le blé), soit de "Chasses Marais" (selon un plan cadastral de 1828).
  • Canton du Vieux Moulin, Pavé du Moulin : Ces noms marquent les emplacements des anciens moulins qui parsemaient autrefois le paysage. Le géant Ailé, notre dernier moulin, se situait au Pavé du Moulin ; il a été détruit par les Allemands lors de leur départ en 1918.
  • L’ancienne route de Lille à Valenciennes : C’est l’axe Chanzy-Gambetta-Defaux, ouvert au XVIème siècle.
  • Plusieurs rues ont un lien avec des résistants : Rue Paul Kimpe, rue Raymond Monnet et rue Marius Brunau.

Visiter le Patrimoine

Chaque année, à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, la ville organise une descente encadrée et sécurisée dans une partie des carrières. C'est une occasion unique de toucher du doigt cette histoire souterraine et la géologie locale.

Renseignez-vous auprès de la mairie pour les modalités d'inscription.

Textes et visuels : Cercle de Recherche Historique Lezennois